1. Le plus magnétique : François Malingrëy chez Le Feuvre & Roze
Avant même le jour de l’ouverture, la galerie avait vendu (presque) toutes les œuvres du jeune prodige François Malingrëy (né en 1989). C’est dire le succès de ce peintre diplômé des Arts décoratifs de Strasbourg et auteur de visions sombres, mélancoliques, où les personnages adoptent d’étranges postures figées. Il pioche ses modèles parmi ses amis et sa famille. Ses décors, enfermés, sont imprégnés du récent confinement : lui qui avait signé début 2020 une série de peintures en extérieur nous convie ici dans l’intérieur grisâtre d’appartements où les enfants pleurent et boudent, où les femmes regardent pensivement par la fenêtre – et, semble-t-il, vers le vide. Quelques peintures sur bois découpé invitent sur le mur un cheval, le reflet d’enfants dans l’eau… Un ensemble prodigieux, qui se poursuit entre les murs de la galerie Le Feuvre & Roze, dans le 8e arrondissement.
Vue du stand de la Galerie Le Feuvre & Roze à la foire Art Paris Art Fair, 2021
2. Le plus touchant : Byen Ung Pil à la galerie Joeun
Venue de Séoul pour sa toute première participation à Art Paris, la galerie Joeun réunit des artistes coréens à la touche très pop (dont Woo Kuk Won, le « Jean-Michel Basquiat coréen » nous souffle-t-on face à l’une de ses peintures aux couleurs franches, très grasse et scandée d’écritures) voire carrément manga (Maiko Kobayashi). Mais c’est surtout devant les superbes toiles de Byen Ung Pil que l’on s’arrête et s’émeut, charmé par leurs lignes fines qui délimitent des aplats de couleurs mates. L’une d’entre elles figure un couple enlacé, anonyme, quasiment sans genre ; seuls leurs deux visages masqués trahissent l’époque, le Covid-19, la crise sanitaire mondiale. Devant ces visages et ses corps unis, l’espoir nous revient, l’image nous rappelant que tout, y compris la catastrophe, peut se traverser tant qu’il reste la tendresse.
2. 가장 감동적인 : 조은 갤러리에서 변웅필
서울에서 첫 참가한 아트파리, 조은갤러리가 팝터치로 한국인들을 모으고 있다 (우국원씨를 비롯해 ′′ 한국인 장 미셸 바스키아 ′′ 는 프랭크색깔로 그림을 그리며, 뚱뚱하고 성서에 찬성 또는 심지어 사각형 만화 (마이코 코바야시). 하지만 무엇보다도 우리가 멈추고 움직이는 변웅필의 아름다운 그림들 앞에서, 무광색을 전달하는 그들의 미세한 선에 매력적이 그들 중 하나는 커플이 안아주었고, 익명이요,
거의 성별이 없는 것인데, 둘 다 가면을 쓴 얼굴만이 시대를 배신합니다, 세계적인 보건 위기 이러한 얼굴과 그 몸이 연합하기 전에 희망이 우리에게 돌아오는 것은 재앙을 비롯한 어떤 일도 통과할 수 있다는 것을 이미지가 상기시켜 줍니다.
Vue du stand de la Galerie Joeun à la foire Art Paris Art Fair, 2021
3. Le plus floral : B. D. Graft à la Double V Gallery
Ingénieusement divisé en deux, le stand de la Double V Gallery, venue de Marseille, offre deux solo shows ; l’un à la peintre Caroline Denervaud et l’autre, éclatant, à B. D. Graft (né en 1988). Celui-ci attire immédiatement l’œil avec ses superbes murs bleus, qui accueillent de nombreux dessins de fleurs sur papier (comme un portrait de famille !), dont d’anciennes pages de livres d’histoire de l’art. Des céramiques à l’émail brillant donnent forme à des bustes à tête de pots de fleurs… Et un grand bonhomme de bois, à échelle humaine, développe ce motif cher à l’artiste, dit Pot Head. D’origine ghanéenne, il a pour l’occasion travaillé avec un certain Eric Adjetey Ananey, créateur de cercueils fantaisistes (les fantasy coffins offrent aux défunts ghanéens d’improbables enveloppes figuratives, en forme de poisson, de chaussure ou de bateau !) ; ici, bien sûr, l’œuvre n’a pas une telle fonction, mais en reprend la technique de bois sculpté et peint. Étonnant !
Vue du stand de la Double V Gallery à la foire Art Paris Art Fair, 2021
4. Le plus photogénique : pluie de chefs-d’œuvre chez Intervalle
Pas besoin d’attendre Paris Photo pour être ébloui par le huitième art : Intervalle réunit, dans un petit espace, quatre photographes de génie. Qui, tous, explorent la dimension plastique. Lucas Leffler, 28 ans et déjà très inspiré, a prélevé de la boue dans une rivière pour en faire le support de ses images – la rivière étant proche d’une ancienne usine de film photographique, cette boue magique est pleine de sels d’argent rejetés par le fabriquant Agfa-Gevaert, et a le pouvoir de révéler l’image comme un véritable film ! D’une singulière beauté industrielle… À côté de lui, Antony Cairns récupère des écrans de liseuse électronique où apparaissent ses photographies, et les emprisonne dans du plexiglas. Julien Mauve produit des mises en scène vides de toute vie humaine, seulement éclairées d’une lumière puissante – façon phare dans la nuit. Enfin, Julien Mignot s’intéresse à l’Internet du voyeurisme et en saisit des photos floues, elles aussi incorporées à une épaisse couche de plexiglas…
Vue du stand d’Intervalle à la foire Art Paris Art Fair, 2021
Bandes dessinées, couvertures de magazines, affiches de films, long-métrage animé, dessins par milliers : Lorenzo Mattotti (né en 1954) est un grand. Pourtant, on connaît bien mieux ses coups de crayon que de pinceau. Un manque réparé par la galerie Martel, dont le superbe stand imprime longtemps la rétine. Soit une suite de grandes toiles carrées, habitées de couples enlacés, bagarreurs, fantomatiques ou mélancoliques, d’une beauté à couper le souffle. On pense un peu aux couleurs de Peter Doig, au sens du drame et aux lignes souples d’Edvard Munch… Corps alanguis et décors flottants, comme sortis d’un songe, font la signature de cette série née durant l’intense période de travail du confinement (comme bien des œuvres ici présentées).
Vue du stand de la Galerie Martel à la foire Art Paris Art Fair, 2021
6. Le plus éclectique : un accrochage palpitant chez Loevenbruck
De l’art moderne et contemporain, du design et des sculptures… Le tout, exposé entre d’éclatants murs orange : la galerie Loevenbruck n’a peur d’aucun dialogue, et d’aucun engagement. Elle a fait pour Art Paris appel à une artiste, future représentante de l’Autriche à la Biennale de Venise et qu’on reverra s’emparant du Palais de Tokyo, Jakob Lena Knebl ; celle-ci a conçu une très belle conversation, mi-domestique mi-loufoque, entre des mauvaises herbes de bronze poussant au pied du mur de Tony Matelli, une sculpture-jeu ondulante de Marthe et Jean-Marie Simonnet, une installation périssable de Daniel Spoerri, une photo de fesses de Pierre Molinier, une peinture de crucifixion d’Alfred Courmes, de minuscules huiles sur toile de Robert Devriendt – et bien d’autres encore… Un accrochage façon cadavre exquis qui fait plaisir à voir !
Vue du stand de la Galerie Loevenbruck à la foire Art Paris Art Fair, 2021
7. Le plus doux : Mojé Assefjah à la galerie Tanit
Arrivée de Munich avec l’un des plus beaux solo shows d’Art Paris sous le bras, la galerie Tanit est nimbée de douceur grâce aux peintures de Mojé Assefjah, délices absolus pour yeux sursollicités. Née à Téhéran en 1970, l’artiste aime à fabriquer elle-même ses couleurs et à travailler l’ancienne technique de la tempera. L’œuf présent dans la préparation donne à ses larges coups de pinceau un aspect mat, qui lui permet de jouer en trois dimensions sur des impressions semi-figuratives (avec, par-ci par-là, des plantes), semi-abstraites. L’artiste insiste : chaque œuvre veut s’ouvrir comme une fenêtre ouverte sur un espace nostalgique, qui fait dialoguer techniques et formats anciens (comme le tondo lui aussi très utilisé durant la Renaissance) et élan contemporain. On achète ?
Vue du stand de la Galerie Tanit à la foire Art Paris Art Fair, 2021
Art Paris Art Fair 2021
Du 9 septembre 2021 au 12 septembre 2021
Grand Palais Ephémère • Avenue Pierre Loti • 75007 Paris
www.grandpalais.fr